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Les soft skills ou compétences douces : clés de voûte des entreprises ?

Pierre-Yves Sanseau Copy Jayet - Les soft skills, clé de voûte des entreprises en contexte critique ?
Published on
12 January 2021

La créativité, l’empathie, la coopération, l’autonomisation… constituent les fondements des soft skills, des compétences humaines et relationnelles promptes à relever les défis de l’agilité. Pourquoi ces compétences sont-elles devenues essentielles au bon fonctionnement, voire à la pérennisation de l’activité des entreprises en période de crise Covid-19 ?

Entretien avec Pierre-Yves Sanséau, enseignant-chercheur en gestion des ressources humaines, à Grenoble Ecole de Management.

La crise Covid-19 est l'occasion de jeter un coup de projecteur sur les soft skills. Comment définissez-vous ces compétences humaines et relationnelles en entreprises ?

Les soft skills (ou compétences « douces » ou subjectives), sont reliées au savoir-être et au savoir-faire relationnel. Elles s'expriment à travers la combinaison de compétences comportementales, sociales et de communication, telles que l'écoute, la capacité à être en relation avec l'autre et la capacité à résoudre des problèmes en situation.
Ces compétences humaines et relationnelles se caractérisent par un ensemble d'attitudes et de comportements qui mettent en jeu la créativité, l'empathie, la coopération et l'autonomie des collaborateurs dans le cadre du travail.

Pourquoi la France, en particulier, a-t-elle longtemps ignoré les soft skills ?

Le concept de « soft skills » a été reconnu comme tel en Amérique du Nord pour être introduit en France au début des années 1990. Historiquement, en France, prédominent les « hard skills », un ensemble de compétences objectives, fondées sur un triptyque : les compétences techniques, l'expérience, et au-delà, le niveau du diplôme tellement important en France. Peu de place donc pour les compétences davantage « subjectives » dans une nation française fortement caractérisée par son esprit cartésien et universaliste, et une organisation étatique centralisée et pyramidale.  « L'Etat, c'est moi », lançait déjà Louis XIV. Les soft skills étaient, jusqu'à cette crise pandémique, encore parfois difficiles à intégrer dans la culture éducative et professionnelle française, historiquement fondée sur les savoirs puis sur la notion de qualification.

En quoi ces compétences ont-elles trouvé leurs lettres de noblesse, depuis le premier onfinement lié à la crise sanitaire ?

La crise Covid-19 a créé l'opportunité de mettre en œuvre les soft skills en entreprise. Le contexte de travail s'en est trouvé bouleversé et extrêmement changeant. La compétence déployée par un collaborateur dépend du contexte. La crise sanitaire a généré un contexte chaotique, où tout a basculé.

De fait, les regards ont été différents. Tout d'un coup, les collaborateurs ont mobilisé des ressources pour coopérer, persévérer en contexte difficile, ont exercé des qualités d'empathie, d'autonomie et de responsabilité. les collaborateurs se sont ainsi intéressés à la situation des autres et à la viabilité et la pérennité de l'entreprise – parfois, menacée de disparaître. Enfin, les collaborateurs ont porté un regard critique sur les multiples décisions parfois erratiques ou contradictoires qu'on leur annonçait.

En conséquence, cette crise a mis en avant des compétences bel et bien présentes chez les individus, mais qui n'étaient pas reconnues comme telles au sein des entreprises. Concrètement, de nombreux collaborateurs ont été surpris du changement de management fondé de fait sur la délégation de compétences et la collaboration.

Selon vous, assiste-t-on à un changement temporel, ou cette crise augure-t-elle un changement de fond ?

C'est une vraie question. D'un côté, nous avons historiquement en France un management  plutôt pyramidal et centralisé, régi par le contrôle et l'autorité ; de l'autre, des salariés qui, de fait, sont peu enclins à l'autonomie et à la responsabilisation. La question est de savoir si les collaborateurs auront encore besoin d'un management sous cette forme.

Je formule l'hypothèse que les entreprises – pour continuer à avancer dans la période post-covid-19 –, auront nécessairement besoin de collaborateurs sachant manier les soft skills en termes de créativité, de polyvalence, de flexibilité… Et ceci inclut également les opérateurs en ce qui concerne les qualités de coopération notamment.

La crise Covid-19 – à l'image de la grippe espagnole – devrait marquer les esprits, et permettre d'exercer une pensée critique à la lumière d'un événement comme celui-ci, qui marquera le siècle.

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