
Depuis le 1er novembre 2020, de nouvelles étiquettes énergie ornent les réfrigérateurs, téléviseurs ou encore lave-linges, référencés en magasins. Cette nouvelle classification européenne, plus exigeante en termes de performances énergétiques, escompte éliminer à terme tous les équipements précédemment notés A+ ou moins bien. Décryptage.
Inciter les fabricants à tendre vers une conception et une fabrication d'appareils électroménagers économes en énergie ? C'est l'objectif des nouvelles étiquettes énergie, qui deviendront obligatoires, au 1er mars 2021, pour les réfrigérateurs, congélateurs, caves à vin, lave-linge, lave-vaisselle, téléviseurs et autres écrans. Les produits de gros électroménagers y sont classés de A à G, alors qu'ils l'étaient de A+++ à D jusqu'à aujourd'hui. L'ambition est forte, puisqu'il s'agit à terme d'éliminer du marché tous les appareils précédemment notés A+ ou moins bien.
Le A+ actuel note la plus mauvaise performance énergétique
« La mise en place des premières étiquettes énergie par l'Union européenne date de 1992. Depuis lors, ces critères n'ont pas changé. Ce sont les progrès technologiques, réalisés par les fabricants d'équipements électroménagers, qui ont marqué la différence. Ainsi, tous les réfrigérateurs étaient jusqu'à présent classés au moins en A+. Avec les étiquettes actuelles, le A+ note la plus mauvaise performance sur le marché, explique Corinne Faure, experte en comportements éco-responsables et enseignante-chercheure à Grenoble Ecole de Management.
Une nouvelle classification de A à G
« C'est ainsi, que pendant un temps – le temps nécessaire à la conception et la fabrication d'équipements plus performants –, la catégorie A du nouvel étiquetage devrait rester vide, et peu de réfrigérateurs seront classifiés en catégorie B, souligne Corinne Faure. Les équipements précédemment notés A+++ passeront en B ou C, et les équipements notés A+ en F ou G. Toute la classification se voit décalée, afin d'inciter les fabricants au progrès technologique. »
Du coup, ces modifications aboutissent à un changement de fond : les nouveaux critères de classification sont beaucoup plus sévères. « En fait, confirme Corinne Faure, les étiquettes sont victimes de leur succès. Les précédentes étiquettes n'étaient plus distinctives, en termes de performances énergétiques, puisque tous les appareils ou presque étaient classés de façon quasi identique. La pression sur les fabricants devrait être encore plus forte pour faire monter en gamme tous les appareils électroménagers. »
Avec cette nouvelle classification, les « mauvaises notes » seront autorisées mais rédhibitoires aux yeux des consommateurs. « Petit à petit, la catégorie A va se remplir. Quand 20 % des produits de gros électroménager seront passés en A, il sera temps de revoir la classification, pour la rendre plus stricte encore », conclut Corinne Faure.
Une étude inédite sur les étiquettes énergie
A noter, l'étude réalisée dans le cadre du projet européen H2020 CHEETAH (CHanging Energy Efficient Technology Adoption in Households ; Grant agreement ID: 723716 ). Les données ont été collectées en ligne, en juillet-août 2018, auprès d'un échantillon d'un peu plus de 1000 personnes représentatif de la population allemande. Les auteurs du projet sont Corinne Faure, Marie-Charlotte Guetlein, et Joachim Schleich, tous trois enseignants-chercheurs à GEM