
Comment rester motivé pendant une période de télétravail imposée? Quels sont les ressentis des salariés ? Quels leviers le salarié et son entreprise peuvent-ils actionner ? Autant de questionnements étudiés, pendant le premier confinement, par des chercheurs de Grenoble Ecole de Management. Ils dévoilent aujourd’hui des enseignements et recommandations, plus que jamais d’actualité.
Le 28 octobre 2020, Le président Emmanuel Macron annonce un nouveau confinement et la généralisation de la pratique du Télétravail pour bon nombre de salariés et d'entreprises.
« Le télétravail est habituellement associé à une flexibilité dans le travail, et un gain en responsabilité et en autonomie, ce qui génère de la satisfaction. Durant le premier confinement, nous n'étions pas du tout dans cette configuration : le télétravail, tout comme la situation ont été imposés. Le climat était alors anxiogène et très contraint. L'objectif de l'étude a donc consisté à étudier l'impact de cette double contrainte sur la motivation, l'engagement et la satisfaction des collaborateurs au travail » explique Caroline Cuny, docteur en psychologie cognitive et enseignante chercheure à GEM, qui a mené cette étude, avec Mathieu Pinelli et Lionel Strub, également chercheurs à Grenoble Ecole de Management, Marion Trousselard, à l'Institut de Recherche Biomédicale des Armées.
Inquiétude et sentiment d'impuissance ressentis pendant le 1er confinement
- 23 % de l'ennui et 13 % de la culpabilité,
- 66 % ont ressenti de l'impuissance face à la situation et 63 % de l'inquiétude.
- 40 % de l'isolement et 35% de la peur.
- 46 % la probabilité de contracter le COVID-19.
« En demandant aux participants leur ressenti pendant le confinement du printemps, nous voulions percevoir les effets négatifs inhérents à cette double situation de contrainte. Notre objectif était d'identifier les facteurs protecteurs dans une situation négative, afin de pouvoir y remédier » ajoute Caroline Cuny.
On apprend notamment que certains facteurs sont neutres : ni le risque perçu de contracter le virus, ni la durée du confinement ne viennent impacter la motivation à travailler.
Le télétravail pendant le confinement
73 % des répondants ont déclaré être satisfaits du télétravail pendant ce premier confinement.
48 % des salariés ont fait des heures supplémentaires par semaine comparé à habituellement.
« Cette étude révèle que plus les salariés faisaient d'heures en plus par rapport à habituellement, et plus ils étaient motivés à travailler. Ainsi 26 % des participants ont fait plus de 4h de télétravail en plus par semaine, un résultat plutôt surprenant » précise Caroline Cuny, une des co-auteurs de l'étude.
Sur les conditions de travail, l'étude nous apprends que 47 % ont une pièce dédiée au télétravail dans leur logement, tandis que 89 % des salariés de l'échantillon sont satisfaits des outils numériques utilisés durant le télétravail.
Les 3 recommandations principales pour garantir du bien-être en télétravail
1 : Adopter une attitude « Mindful »
L'intérêt de l'étude est de constater qu'adopter une attitude mindful - porter une pleine attention sans jugement sur l'expérience présente - diminue le stress perçu de façon générale et permet de maintenir sa motivation. La première recommandation est donc de proposer aux salariés des formations à la pleine conscience ou de proposer un accès aux applications dédiées.
2 : Maintenir le lien social
Cette recommandation peut paraître basique mais il est essentiel de rappeler que le salarié doit avoir le sentiment prégnant d'être en lien avec son entreprise/organisation. Il doit disposer notamment d'outils numériques adaptés permettant de nourrir le lien social mais aussi de conserver des moments informels, même à distance.
Cela passe aussi par la prise en compte par l'entreprise des ressentis négatifs et le stress des salariés, avec par exemple, la mise en place une cellule psychologique d'écoute dans l'entreprise.
3 : Autonomie des tâches
L'organisation du travail est également déterminante sur la motivation. Ainsi, renforcer l'autonomie et la flexibilité consiste à donner la possibilité aux salariés d'ajuster la planification de leurs tâches. Plus le sentiment de maîtrise et de contrôle de la gestion de ses tâches est important, plus la motivation du salarié se maintiendra.
De même l'étude révèle l'importance du soutien du supérieur hiérarchique qui doit se montrer vigilant aux signaux faibles - moins visibles qu'en présentiel - adressés par les salariés.
La mise en place d'une fiche de « procédures » sur l'environnement et les conditions de travail est recommandée tout en gardant une certaine flexibilité à discuter entre managers et managés.